La Tutelle

L'Institut Supérieur Clorivière, est un établissement catholique d'enseignement, sous tutelle congréganiste (Société des Filles du Cœur de Marie), dispensant à l'origine des formations liées au travail social.

Pere_cloriviereUn nouveau style de vie religieuse

A l’aube d’une Révolution qui d’emblée s’attaque aux formes religieuses établies, le P. de Clorivière ne songe guère à fonder quoi que ce soit. « Dieu nous a inspiré la première idée de cette œuvre lorsque nous étions bien éloignés d’avoir une semblable pensée » (Mémoire à Pie VII, 1800).

Le Père de Clorivière

C’est en Amérique du Nord, où l’appellent d’anciens confrères, qu’il se prépare à exercer désormais son ministère. L’inspiration va le surprendre dans ces dispositions. Il en a laissé plusieurs récits assez voisins bien que de dates très différentes : « « Dans le courant de 1790, voyant le tour que prenait la Révolution... j’étais tout occupé de ce que je pourrais faire pour la gloire de Dieu…  lorsque… le 19 juillet… au sortir de l’oraison du matin, je fus tout à coup frappé d’une pensée qui attira toute mon attention : il me fut découvert comme dans un clin d’œil, et cependant dans un assez grand détail, un genre de vie tel à peu près que celui que j’ai tracé. Cette vue était en même temps accompagnée d’un vif sentiment que Dieu en tirerait sa gloire et qu’il voulait se servir de moi pour le répandre... » (Exposé de mai 1808).

Après avoir dressé le Plan d’une Société pour les hommes, le P. DE Clorivière se sent « tellement pressé » de faire la même chose pour les femmes qu’il ne pourrait s’en « défendre sans aller directement contre la volonté de Dieu », et il conclut : « j’obéis donc à ce mouvement intérieur... ». Les deux Sociétés, Société du Cœur de Jésus (« SCJ ») et Société des Filles du Cœur de Marie (« SFCM ») étaient contenues en germe dans ces plans.

Avant de quitter la Bretagne pour Paris fin septembre 1790, le fondateur fait connaître autour de lui les Plans des nouvelles Sociétés.

Parmi les personnes averties, Adélaïde de Cicé qui a longuement porté l’intuition d’une vie consacrée par les vœux, mais en dehors du cloître, afin de se rendre plus proche des pauvres et des malades, est disponible à toute œuvre. Son propre « Projet » rédigé vers 1785 a des points communs avec les Plans issus de l’inspiration de 1790 et c’est à elle que le P. de Clorivière fait appel pour fonder et diriger en Bretagne puis à Paris la Société des Filles du Cœur de Marie.

Le 2 février 1791, les deux Sociétés prennent forme concrètement dans un acte d’Association, prononcé et signé le même jour en divers lieux.

Après l’acte d’association du 2 février 1791 qui consacre la naissance des deux Sociétés, le P. de Clorivière décide d’établir à Paris le centre de la « SFCM ». Il invite A. de Cicé à l’y rejoindre pour prendre la charge de la nouvelle Société : c’est elle « l’instrument dont Dieu veut se servir pour l’extérieur de son dessein ».

En pleine terreur, les deux Sociétés déjà présentes en Bretagne vont se développer lentement dans l’ombre à Paris, près des Carmes, rue Cassette.
En 1801, c’est le P. de Clorivière qui est arrêté pour d’obscures raisons politiques et détenu sur ordre arbitraire de l’empereur cinq années durant. Adélaïde qui entretient avec lui une correspondance secrète doit assumer toute la charge des deux Sociétés. Avec une maîtrise et un discernement qui suscitent l’admiration du fondateur lui-même, elle prend les initiatives nécessaires, réussit de délicates démarches et fait face aux situations complexes créées par le contexte politique de l’époque.
Fait assez surprenant, Adélaïde, humble femme très consciente de ses limites et souvent éprouvée par des peines intérieures, insoupçonnées de son entourage, se trouve appelée à s’occuper non seulement de la Société des femmes mais aussi aide à gérer celle des hommes et sert d’interlocutrice valable auprès des autorités religieuses.

Quelques années après la libération du P. de Clorivière, elle se retrouve seule à nouveau, le Père chargé en 1814 de la restauration de la Compagnie de Jésus en France étant totalement absorbé par cette nouvelle tâche.
Adélaïde de Cicé veille sur la «SFCM »  et prépare celles qui vont assurer la relève dans une Société religieuse qui connaît de nouveaux développements grâce à la paix civile.

Toujours prête à accueillir ceux qui ont besoin d’elle, elle puise lumière et force dans la prière et l’adoration du Dieu caché dans l’Eucharistie. Déjà en 1788 Adélaïde écrivait au P. de Clorivière : « (On) ne peut deviner le besoin extrême que j’ai de passer le plus de temps qu’il m’est possible devant le Saint-Sacrement ; (on) peut encore moins savoir tout ce qui se passe en moi qui rend si nécessaire mon assiduité à l’église pendant l’adoration »...

C’est tout simplement qu’Adélaïde minée par la souffrance et la fièvre s’endort un matin de 1818 en prière auprès du tabernacle, précédant de deux ans le P. de Clorivière qui partira lui aussi très discrètement en faisant oraison.

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